Une avocate a affirmé récemment que les nouveaux PV pour « non désignations de conducteur » envoyés depuis le 1er janviers 2017 à certains dirigeants d’entreprises seraient abusifs, voire « illégaux ».
Depuis le 1er janvier dernier, les chefs d’entreprises se voient dans l’obligation de désigner l’identité de leurs employés flashés sur la route au volant d’une voiture à usage professionnel. Si l’employeur refuse, il s’expose à un PV de « non désignation du conducteur » d’un montant de 675€.
Qu’en pense le droit ?
Parlons droit maintenant : peut-on verbaliser une personne morale ? C’est ce que dénonce l’avocate Me Caroline Tichit, pour qui, ces nouveaux PV sont « scandaleux ».
Ils ne sont pas adressés au représentant légal (le chef d’entreprise) mais à la personne morale (l’entreprise). Or, les infractions pénales, comme celles du Code la route, ne sont applicables qu’à des personnes physiques, affirme l’avocate. La personne morale ne peut pas être mise en cause.
De plus, en s’adressant à l’entreprise (la personne morale), l’administration a la possibilité de multiplier par 5 le montant de l’amende, la faisant donc passer à 675€ et à 1875€ en cas de majoration.
Légal ou pas ?
Pour Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité publique, tout est légal et verbaliser une personne morale est totalement justifié. Selon lui, cela répond à « une application de l’article L121-2 du code pénal permettant d’envoyer l’amende à la personne morale ».
Concernant le quintuplement de l’amende, cela suit la même logique. « Si la personne morale reçoit un montant de 675€, c’est là aussi une application des principes généraux du droit permettant un quintuplement de l’amende encourue pour les personne morales » détaille M. Barbe.
Face aux accusations de l’avocate, il a également affirmé que cela n’était en aucun cas illégal et qu’il y a une loi derrière tout cela pour preuve.
Peut-on obliger le patron à « dénoncer » son employé ?
Me Tichit soulève un problème « moral » lié avec le fait de « dénoncer ». D’après elle, il n’existe aucune obligation de dénoncer dans le droit pénal (à part pour crimes).
Selon l’avocate, les patrons sont persuadés qu’ils sont obligés de dénoncer, alors que cela est faux.
Emmanuel Barbe conteste en accusant l’argument d’être fantaisiste puisque c’est écrit dans la loi. En effet, « l’obligation pour le représentant de la personne morale de désigner le salarié ayant commis une infraction routière ne date pas d’hier. Elle existe depuis la mise en place du système de contrôle automatisé dans les années 2000 ».
En somme, il y a différentes interprétations de la « volonté politique » suite à ces PV de « non désignation ». Tandis que l’avocate voit dans ce PV « une volonté politique qui va au-delà du droit », le délégué interministériel à la Sécurité routière y voit une loi pour rendre les règles plus « équitable » quand actuellement les accidents de la route sont la première cause d’accidents du travail et que 4,5 millions d’infractions routières chaque année ne sont pas sanctionnées individuellement.
D’après M. Barbe, le fait de travailler n’est pas un motif pour ne pas appliquer le Code de la route.
Affaire à suivre…